DU DIABLE A LUCIFER

Diable piemontais 15

 

Le Diable n'est pas celui auquel on veut nous faire croire par peur et superstitions. 

Les racines étymologiques nous renseignent sur le sens exact de son nom et nous révèlent que l'interprétation que nous en donnons et la représentation que nous nous en faisons sont totalement erronées.

 

LES ORIGINES DU DIABLE

Le mot grec diabolos, d'où est issu notre diable, signifie littéralement "celui qui jette de part et d'autre, qui désunit, qui sépare, qui brouille".

C'est celui que les traducteurs grecs de la Bible ont employé pour traduire l'hébreu satân, l'accusateur.  En effet, un des rôles du Mauvais, dans la tradition judaïque, est d'accuser les justes devant le Tribunal de Dieu..

Savez-vous pourquoi ?

Pour les Grecs, diabolos était un accusateur, un calomniateur.

C'est à partir du IX siècle que le latin diabolus a donné diaule et deable en ancien français, qui a fini par prendre  le sens de démon. 

Au XIII siècle, une des branches de la magie qui était la science de la préparation des breuvages et philtres était "la dealtique".  Nous sommes donc passés d'une notion antique d'accusateur public (nos tribunaux en ont sans doute conservé le principe par la fonction de procureur général) à une notion médiévale puis moderne de démon. 

C'est le mot  démon qui fait toujours référence, sans trop savoir ce qu'il veut dire en dehors de la représentation du Mal.

                                                                

                                                                     LE DEMON

 

Ce démon n'a rien de très maléfique si l'on en croit le sens onriginel.  Effectivement, c'est à partir du début du XIV siècle que le daemon ou démon a été qualifié d'esprit infernal, voire d'ange déchu.

Diffèrentes représentations :

Avant cela, le daimôn grec était une puissance divine et bénéfique qui attribuait et donnait en partage.

Nous  retrouvons là le sens de «Jeter de part et d'autre », ce" qui n'a absolument pas pour sens de "séparer".  Bien au contraire le fait de donner en partage et de "jeter de part et d'autre" se réfère à un principe essentiel révélé par le daimôn, le principe du  destin qu'il soit heureux ou malheureux. 

Le daimôn était donc le dispensateur de destin, mais aussi l'esprit protecteur, le bon génie, l'ange gardien

Notre daimôn  d'antan était  l'esprit protecteur attaché à chaque personne  ou à chaque élément de la Nature.  Il avait donc les mêmes attributions que les fameux génies de la Nature dont le fameux "Denys l'Aréopagite"  s'est sans doute grandement inspiré pour constituer la hiérarchie céleste des Anges qui nous hante encore aujourd'hui.

Nous devons à ce moine syrien ayant  vécu aux environs de l'an 500 de notre ère, tout le classement de la hiérarchie dite céleste en 9 catégories (des anges ....aux séraphins) ainsi que le hièrarchie écclésiastique (des catéchumènes..... aux Evêques). Certains de ses écrits avaient été empruntés à Proclus (Proclos) mort en 485. Précisons que pour Proclos, qui croyait être la réincarnation de NICOMAQUE de GERASA mort en 196, l'âme était le centre de tous les êtres. 

Donc nous disions que celui qui restait en relation avec son daimôn suivait la voix de sa conscience.  Les intuitions et inspirations provenaient de ce daimôn, ainsi que les dons  dont l'Homme était pourvu.

Genie eacute nie

                                                                                                           

 

                                                           Entre DIEU et DIABLE

Nous constatons que cette composante bénéfique de l'être humain a  pris une acception sombre, devenant ainsi la représentation maléfique quand il s'agit du démon ou du Diable.

Cette explication se trouve peut être dans un mot grec d'origine indo-européenne, daiesthai, qui signifie partager, diviser, d'où a dérivé le grec demos, le peuple. Cette racine se retrouve dans  "démocratie"  ou celui qui travaille pour le peuple. Nous pouvons aussi retenir le mot démiurge, celui qui conduit le peuple, mais celui ci parfois n'a pas agit en faveur de ce peuple (drames, guerres, persécutions....).

Ainsi, petit à petit ,le daimôn ou démon qui  présidait sur la destinée humaine a pris l'apparence actuelle de forces destructrices.  Quant aux incantations médiévales (messe noire , culte au diable....) elles n'étaient que le simulacre de pratiques païennes basées sur des croyances qui existaent bien avant le christianisme 
et dont l'objet reposait sur les pouvoirs accordés aux génies et esprits de la nature protecteurs. Tout semble avoir été détourné par rapport aux significations originelles.

Sans doute a t on inventait CE DIABLE là, car tout ce qui était susceptible de perturber l'ordre établi était systématiquement attribué au Mal, aux démons et à  Satan, l'incarnation du Mal.

Diable tarot

                                                                                                   ARCANE  XV du TAROT

Le Baphomet des Templiers (culte exprimé durant leur rites) était une image synthétique groupant les éléments de leur Tradition.

La lame XV est associé au signe zodiacal du Capricorne (terre cardinale), qui tout comme lui porte des cornes et des pieds de bouc.

Si l'on prend la représentation du Baphomet templier, sur le bras droit on peut lire « Solve », sur le bras gauche, on lit « Coagula », procédé alchimique du procédé du grand oeuvre. Solve montre le ciel et coagula montre la terre, le Yang et le Ying. Ces deux phases complémentaires correspondent au Ciel, en tant que  pôle « positif » de la manifestation, représente d’une façon directe le Principe, tandis que la Terre, en tant que pôle « négatif »,en présenteune image inversée.

Cette lame montre les aspects contraires  du même principe.

Toute  transmutation , consistera à dissoudre  ce qui était coagulé  et simultanément à coaguler  ce qui était dissous. Ces deux opérations apparemment inverses n’étant en réalité que les deux aspects complémentaires d’une seule et même opération.

Ce qui est vie pour le corps est donc mort pour l’esprit et inversement. C’est pourquoi volatiliser ou dissoudre le fixe et fixer ou coaguler le volatil  ou  spiritualiser le corps se dit autrement :  tirer le vif du mort et le mort du vif. Ces deux opérations apparemment inverses sont les deux aspects complémentaires d’une seule et même opération. Les alchimistes disaient que la dissolution du corps est la fixation de l’esprit.

La transmutation  consistera donc  à dissoudre  ce qui était  coagulé  et, simultanément, à  coaguler  ce qui était  dissous. Cette double opération de  coagulation  et de  dissolution correspon à ce que la tradition chrétienne désigne comme le pouvoir des clefs. Ce pouvoir est double puisqu’il comporte à la fois le pouvoir de  lier  et celui de  délier ; lier c'est coaguler , et délier c'est dissoudre  .

La tête de Bouc et les seins de femmes pourraient nous montrer une force androgyne qui réunit à la fois celle masculine et celle féminine.
Dans la main gauche, ce Diable tient le symbole hindou de l’union des sexes, le Linguam, une allusion à l’énergie sexuelle.
 

Les signification:

L’arcane XV divise afin que l’on discerne ce qui est à unifier. On peut le dire aussi ainsi : sans Anti-christ il ne peut y voir de Christ, et cette dualité de la conscience ne peut être résolue sans la confrontation avec ce qu 'il ya de plus obscur en nous. Soit, vivre la condition de la matière  avant toute libération possible.

 

 

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Diable et dieu pan mage

                                                   

                                                                                            PAN et DIABLE

 

Pour les premiers chrétiens, ce diable est aussi en lien avec le DIEU PAN, seul dieu qui connut la mort, abandonné par sa mère à la naissance, d'apparence mi-humaine et mi-animale avec un torse humain poilu, d'une barbiche, de cornes, d'un nez recourbé, de pieds de bouc et d'une petite queue.

Il vécut principalement parmi les bergers et lers troupeaux car HERMES, son père,  voulut le présenter aux dieux de l'Olympe mais ceux-ci se moquèrent de lui en fonction de son apparence.

PAN, Dieu protecteur des bergers, chasseurs, s'amusait selon la légende à effrayer les voyageur.

Dieu protecteur des bergers, chasseurs et troupeaux, il devient progressivement dieu de la puissance sexuelle et de la fécondité, puis le dieu universel (Pan en grec a pour sens "tout" ), donc l'origine de toute chose, de toute créature de la nature. 

Les Chrétiens qui projetèrent sur le dieu PAN un concurrent notoire face à leur dieu unique, donnèrent à leur Diable l'apparence de Pan, ainsi que les traits de caractère correspondant aux instincts les plus primaires, par son aspect bestial, son appétit insatiable et bien sûr sa sexualité exacerbée car  il enchainait les conquêtes de nymphes et jeunes éphèbes. Sa plus célèbre conquête est la nymphe Syrinx, qui se transforma en roseaux, pour échapper aux désirs de PAN. Mais PAN en coupa une poignée et créa ainsi une flûte qu'il nomma Syrinx ou flûte de Pan.

PAN est donc le seul dieu qui a connu la mort ; les Chrétiens prétendirent, selon la légende, qu'il s'agisssait de la victoire de leur religion sur le paganisme, indiquant la fin de tradition ancienne.

Lucifer cathedrale saint paul liege
Lumiere hors du temps

ET...LUCIFER

Le nom de  Lucifer,  ayant pour étymologie latine "lux" / lumière et  "féro" / porter, est un personnage des mythologies romaine et grecque. Les romains donnaient ce nom à Vénus (l'étoile du matin), mais aussi Vesper quand elle était l'étoile du soir. C'est apparemment à  Pythagore que l'on attribu la découverte que Vénus et Vesper étaient la même planète et non des planètes différentes comme le pensaient les Grecs anciens.Effectivement elle est très brillante dans le ciel et peut être observée le matin avant le lever du soleil ou le soir après le coucher du soleil. Elle semble de ce fait accompagner le soleil

Si à Rome, Diane/Artémis ou la déesse lunaire  était appelée LUCIFERA  (porteuse de lumère), à Babylone, Vénus était l'étoile d'ISTHAR, la déese des batailles, de l'amour et de la fécondité. Cette Vénus semble attachée à la trinité de Babylone et à la résurrection mais aussi à  HATHOR et HORUS chez les Egyptiens.

Cette Vénus est donc LUCIFER (porteur de lumière) quand elle se trouve avant le soleil dans le sens zodiacal et sera HESPERUS (du soir) quand elle se trouve après le soleil.

LUCIFER  semble être l'équivalent latin de HILLEL/HEYLEL (judéo-païen) dieu de l'étoile du matin et fils de la déesse ASTORETH et identifié au PHOSPHOROS grec.

On se rappellera aussi que dans l'apocalypse 22.16, Jésus se décrit comme l'étoile du matin ou celui qui vient dans la nuit.

C'est à partir du moyen âge  que le nom de LUCIFER désignera le plus brillant et le plus grand de tous les anges. Mais celui-ci , selon la bible et la chute des anges rebelles,  fut poussé par son orgueil  à se révolter contre Dieu en voulant régner à sa place. C'est ainsi que dans cette tradition déformée il demeurera comme le tentateur , le diviseur et sera assimilé à SATAN, ou l'adversaire en qualité de roi des démons. Pendant le haut moyen âge, les catholiques romains ont accusé les néo-manichéens de rendre un culte à LUCIFER, prince des démons.

Vénus (ou l'étoile du soir) a été au Proche Orient, depuis le moyen âge et encore aujourd'hui, représentée par une étoile à huit branches ou pointes,  car  avec la nouvelle lune et avant qu'elle semble être avalée par le soleil c'est à dire rendue invisible par la lumière du soleil, on peut l'apercevoir huit fois. Ajoutons aussi qu'il lui faut huit années pour accomplir son cycle autour du zodiaque.

Etoile 8 branches
Ishtar goddess