EAU et symbolisme

Oeil sur la terre jpg

 

                                                                                                                       L'EAU

Pour les alchimistes, l'eau est le troisième des quatre éléments fondamentaux premièrement, le Feu, énergie électromagnétique créatrice ; deuxièmement, la Terre, frémissante voyageuse de l'espace, porteuse des matières et des êtres ; troisièmement l'Eau, qui participe aux climats et aux vies ; quatrièmement l'Air dont le constituant vital est l'oxygène.

 

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                                            SYMBOLISME

 

                                                                  L'EAU VITALE

Liquide principal de notre planète vieillissante, le plus extraordinaire, le plus aberrant dans ses propriétés physiques et chimiques, l'Eau ici taraude les reliefs et les reconstitue ailleurs. 

Par son cycle géant et continu, elle contribueau dynamismede l'atmosphère, des fleuves, des rners et des sols, tandis qu'elle véhicule l'énergie solaire.

Cependant, elle est plus que les marées à la puissance inépuisable, plus que la glace des pôles et des icebergs, plus que les neiges parant les sommets, plus que la pluie dont s'abreuvent forêts et prés, plus que les fleuves à la majesté inaltérable.  Oui, avant l'air, elle est le fluide de la vie, le fluide structuré.  

Solvant extraordinaire, conductrice de la chaleur et de l'électricité, elle dissocie des composés en ions qu'elle transporte. 

Elle est le milieu essentiel où s'effectuent de très nombreuses réactions chimiques, en particulier biochimiques et auxquelles elle participe souvent par ses propres atomes, telles les hydrolyses fondamentales de l'assimilation et de la désassimilation.

Depuis la plus haute antiquité, l'eau est comme une force étrange, un des principaux supports de lavieau point que nous ne concevons plus cette dernière sans sa présence active. 

La science  prouve qu'elle participe à la constitution cellulaire pour 60 % à 95 % suivant les cas.  Sans arrêt, elle entre et sort des cellules, à travers leurs membranes électrisées, véritables frontières de contrôle.  Par exemple, le corps humain est formé de 67 % d'eau - sang, lymphes, liquides intercellulaires, liquides intracellulaires, etc.

La soif nous rappelle notre besoin quotidien d'eau.  Personne ne résiste longtemps à sa privation. 

La mort nous saisit dans d'atroces souffrances, au bout de peu de jours.  Notre activité biologique nécessite que, comme dans la Biosphère, elle circule constamment en nous, d'une part, apportée par les besoinset lesaliments, d'autre part, éliminée par l'expiration, les fèces, les urines et la sueur.

Parce qu'elle nous est aussi indispensable que l'air; parce qu'elle assure la régularité des climats, la prospérité de nos récoltes et de nos troupeaux; parce qu'elle nous fournit l'énergie hydraulique «propre.; parce qu'elle s'écoule en nous   impérativement, les primitifs de jadis aussi bien que les    civilisés d'aujourd'hui vénèrent l'eau à leur manière, par instinct, par raisonnement, par admiration de la beauté qu'elle engendre, par nécessité, voire par intérêt.

 

 

                                                            LE CULTE DES EAUX

 

Aux temps archaïques, elle était le lait de la Déesse Mère, de la Matrona Première, le sang de l'Onna celtique qui jaillissait de la blessure des roches pour animer les mystères de l'eau : embellir prés et bois, désaltérer aussi bien les plantes que les bêtes et les hommes. 

Dispensatrice de murmures apaisants et de scintillements argentés, la Source fut vite divinisée à cause de son pouvoir surnaturel d'engendrer et de fortifier la Vie.  D'où les nombreuses Aratra druidiques d'où surtouteva la Bienfaisante, soeur de l'Eve biblique, aussi puissante quana d'Armor et aussi belle quand Belenos le Sololre l'illumine de ses caresses d'or.

Quel peuple n'a pas adoré des ruisseaux qui se métamorphosent en fleuves et en mers, certes sous des noms divers, mais avec la même ferveur.

Nous qui sommes ddu siècle des techniques et des pollutions, nous qui regardons d'un oeil moins religieux  et moins superstitieux (moins de préjugés surtout) ce liquide indispensable, nous qui raillons de la diviniser et d'en faire culte des faux dieux, nous redécouvrons, même si cela nous déplait, que nous lui devons tout et que de plus en plus, nousdépendons tragiquement d'elle et de sapureté.

Le culte des eaux est aussi vieux que la pensée.  Entre autres choses, Il est l'adoration d'une forme dynamique de la beauté et de l'harmonie sonore; le remerciement de services rendus; la supplique aux heures de sécheresse.

Rapidement, le Sage comprit que l'onde était plus qu'un breuvage agréable; mais aussi le bain qui retrempe le muscle après l'effort et qui épure la gràce; mais aussi un remède atoxique contre de nombreux maux. 

D'où la recherche «d'eaux minérales» et "d'eaux chaudes", par les Asclépiades de tous pays.  Dans cette quête, les Gaulois excellèrent.

Cela rappelé, nous ne sommes pas étonnés que les Celtes sacralisèrent de nombreuses sources ; que les pharaons honorèrent le Nil ou que les Grecs peuplèrent de nàiades jusqu'aux plus humbles ruisseaux. 

Les uns et les autres à leur manière, entrevirent dans les cascades, dans les courants, dans les marées, une cinétique nécessaire à lacréation, une image des heures qui s'écoulent en usant roches et existences, un double liquéfié du souffle des vents et où s'inscrivent le chant des ramées, la voix des hommes, le sillage des reptiles et des poissons, les tressaillements d'une terre qui se refait sans cesse. 

D'où les rides, les palpitations et les vagues qui troublent le miroir hydrique.

L'eau est multiforme dans ses cristaux de neige, de grèle et de glace. 

Multiforme aussi depuis la goutte ellipsdidale des suintements, depuis la perle de rosée posée sur la feuille ou accrochée à la toile d'araignée jusqu'aux filets d'écoulement laminaire dans les capillaires sanguins; jusqu'aux rivières incessamment oscillantes entre leurs rives, qui de courbe en courbe, foncent toujours plus bas, chute après chute, tourbillon après tourbillon, vers l'océan où, sous l'effet des variations thermiques, des courants horizontaux ascendants, descendants, ondulent dans l'espace et le temps comme s'ils refusaient toute trajectoire rectiligne. 

Au regard des poètes, des mages et des mythomanes, ces mille métamorphoses successives passaient pour des prodiges d'une Présence Supérieure.

 

On apprécia les images qu'elle reflète, la détente que sa vue procure à l'être surmené.  La lumineuse limpidité de la source qui court de caillou usé en caillou poli.  Son babil gentiment perceptible flatte l'oreille, rafraîchit l'âme et l'apaise, car il évoque la sérénité campagnarde, les champs, les fleurs, les sous-bois, les oiseaux... Ecouter ses murmures, c'est se distraire bien, chatouiller son esprit et le conduire à des rêveries douces. 

Rien ne favorise plus la relaxation que cette  véritable cure sonore par le léger travail qu'elle impose aux nerfs auditifs, mettant le cerveau en activité ralentie mais prête au réveil. 

Elle est salutaire aux nerveux, aux intoxiqués, aux traqués de la vie urbaine et leur procure la meilleure sieste. 

Les médecins de Kos ou de Pergame n'ont pas ignoré les bienfaits de ces douces musiques naturelles pour la remise en ordre et en repos du psychisme surexcité au point qu''ils ont tenté de les reproduire avec certains instruments dans ce que nous appelleront leurs maisons de santé..

A leurs connaissances psychiques, nous devons de retrouver les ruines de bassins, de fontaines ruisselantes, de jets d'eau dans leurs jardins enchantés  complexe sonore et lumineux, dispensant une fraîcheur exquise que notre matérialisme dévoyé ne sait plus recréer !

Les laiteuses cascades aux hymnes moins délicats s'entourent d'une brume subtile que le soleil irise, véritable pulvérisation de gouttelettes très fines et fortement ionisées, comme on les retrouve au long des plages non mazoutées quand les vagues brutalisent les récifs.  Ce voile nébuleux est bienfaisant au promeneur qui le respire car il le nourrit d'ions et fortifie ses bronches. 

Aussi peut on concevoir de véritables espaces de repos sans ces sources, fontaines débordantes, jets d'eau, cascades et ruisseaux n'animent  de leur luminosité, de leurs chants et de leurs émanations électrisées, ces petits asiles de recueillement, de méditation ou simplement de sieste sous les frondaisons.

Eau seul

 

EAUX VIVES ET EAUX MORTES

 

L'eau dynamique qui bondit, qui écume contre les rochers, l'eau des tempêtes prend des formes convulsées qui effrayèrent nos ancêtres. 

Pris de peur, ils crurent voir en elles des dieux  assouvissant leur vengeance contre les humains.  De leur frèles embarcations que la vague menaçait de disloquer, ils aperçurent des gouffres prêts à les happer et à les entraîner dans des grottes d'où nul marin ne revient. 

Cette terreur ancestrale sommeille au fond de l'âme de nombreux marins.  Rivières et fleuves ne sont pas des amis sûrs dans tous les cas.  Au cours de leur cheminement, ils se creusent en tourbillons susceptibles d'entraîner le nautonnier ou le nageur - tourbillons semblables à des gueules affamées de dévorer l'imprudent.

Ne sont-ils pas des ennemis mystérieux, aussi souples que le serpent, qui parfois se taisent et parfois hurlent avec l'orage ; des monstres sournois qui soudain remontent en surface pour tuer? 

Les Tarasques rhodaniennes, les Dragons ne sont que des animalisations de ces spirales aspirantes où tournoient et s'engloutissent arbres déracinés, animaux et hommes noyés. 

Spirales glauques ou baveuses contre quoi la force et la ruse humaines s'avèrent impuissantes.

Visions d'autant plus dramatiques que l'environnement était rendu lugubre par le rampement des brouillards, les hurlements du Mistral et les éclats de la foudre.  Que nous voilà éloignés du filet d'eau jasant sous les narcisses.

La puissance des eaux débridées et des mers en fureur devint celle deposéidon  ou Neptune, (dieu de l'Océan) , depontos (dieu marin), dokéonos (dieu des eaux), d'Amphitrite (reine des mers) et de leurs descendants toujours en lutte contre des monstres pétrifiés tels que charybde et Scylla, contre les vents (Notos, Typhon, etc.).

Aucune ressemblance avec  Téthys (mère des fleuves) et surtout les Néréides à la beauté troublante, telles que Thétis génitrice dachlile, les Sirènes perfides qu'ulysse parvint à ne pas écouter et enfin les douces Naiades.

Au scintillement enchanté des eaux vives, à la majesté des eaux fluviales et des marées parfois brutales, s'opposent les eaux dormantes souvent plus traîtresses et plus dangereuses. 

Dans maints cas, les riverains les considéraient comme des lieux à mystères, surtout quand des brouillards aux alentours étranges les recouvraient. 

Sous leur immobilité sombre dormaient des êtres anormaux.  On disait que leur fonds étaient invisibles et mouvants.  Des algues ondulantes et capteuses comme des tentacules les peuplaient où des serpents se réfugiaient. 

Domaine à part, magique, hanté où se développait une vie grouillante et peu connue.  Des rivages fangeux, sournois sous le couvert des joncs et des roseaux où l'égaré s'engluait, s'enlisait avant de disparàitre sans laisser de traces. 

Un miroir impénétrable au regard, que décoraient le vol des libellules et la fleur de nénuphar, superbe coupe de porcelaine attirante, qui coûta la vie à bien des cueilleurs téméraires. 

S'aventurer dans le royaume des crapauds et des couleuvres, dans les eaux mortes, c'était risquer de s'entraver et de disparaître dans des repaires noirs qui ne rendraient que rarement leur proies.

Ici, pas de ruissellements, pas de chants aqueux mais le creuset des fanges, des putréfactions, des pestilences, des miasmes, des décompositions lentes et des feux follets.

Les eaux stagnantes ont apeuré les générations, car elles passaient pour maléfiques, non sans raison.

Très tôt, on remarqua que l'air des marécages véhiculait d'invisibles poisons, des fièvres paludéennes et des pestes.  Simultanément, on était inquiété par la stagnation de l'étang, par l'insécurité de ses rives, par l'inconnu de ses profondeurs, par ses odeurs nauséabondes, par ses feux follets, enfin par son atmosphère qui débilitait les individus. 

Le paludisme détruisit plus sùrement des populations grecques ou les habitants des Marais Pontins que les cruautés des invasions barbares.  Il est un des grands saccageurs de la santé et un pourvoyeur de misère.

Nos ancêtres reconnaissaient la différence biologique entre l'eau morte et mal ensoleillée et l'eau qui court dans la lumière.  Seule cette dernière est gorgée d'oxygène et d'électricité; seule elle est propice à notre type vital.  Aussi est elle préférable à celle de nos baignoires et de nos piscines.

 

LES MARAIS

Aux siècles où tout végétal et tout minéral étaient divinisés, certains marais posaient de lancinantes énigmes. 

Ce fut le cas des eaux mortes de Botmour, au creux de l'amphithéâtre des monts d'Arrée en finistère, point culminant de la Bretagne.  Au bas de ce cirque sauvage et grandiose, naissent les sources de lelbez. 

Dominées par des schistes déchiquetés, des ajoncs et des bruyères, elles se répandent à travers des fondrières pour s'accumuler dans un marais sinistre, monstre en sommeil mais prêt à un réveil terrible. 

Décor dantesque qui distille l'angoisse, surtout les soirs d'hiver quand les nuées sont basses et que la tempête rugit à travers les landes.  Ici, les âmes perdues errent depuis des millénaires, en attendant que S'ouvre la Porte de l'Au-delà ! C'est ce que traduit Brennilis (Breen lits, le Marais des Enfers).

 

Abandonnons les Enes à lanken (la douleur) inapaisables et qui ne trouvent pas lankoun (l'oubli) depuis que lankou (la mort) les extirpa duy Kort charnel ; abandonnons les charmes gris de larmor et les rêveries transcendantes des Drultes ; le Brière et les Marais Vendéens pour visiter les pays où Hélios demeure roi.

Le décor se transforme et s'éclaire; mais l'étang s'y retrouve aussi étrange. 

Avant de s'enfoncer puissamment dans la Méditerranée, lerhône grossit ses flots qui de loin en loin tourbillonnent pour que la Tarasque attire des hommes et les dévore, bien qu'une Déesse-Mère devenue plus tard une saintemarthe chrétienne, tenta de la dompter devant les bords arlésiens.  

Le fleuve se divise comme Illydre de la légende et forme un delta imprécis, sans cesse recréé, toujours mystérieux, où alluvions, végétation et mer s'affrontent dans la féérie des couleurs solaires ou sous la nuée noire courant au ras des roseaux que mord la rage du Mistral.  Royaume des moustiques, de milliers d'oiseaux, de centaines de chevaux et de taureaux sauvages.  Un sol instable où l'étranger ne s'aventure pas car sous lui tout trahit, tout égare et enlise. 

Une solitude particulière, colorée généreusement au lever et au coucher du soleil  mais qui vous entraîne dans la mollesse de ses sables salés et vous ronge par ses fièvres, un refuge aussi contre les lois et les hordes conquérantes... en un mot : la Camargue.

A l'opposé de ces mouvances, s'étale le royaume d'Arles qui fut aussi capitale romaine.  

Au temps où les Ligures adoraient arbres et fontaine et où la danse entrainait filles et garçons dans des farandoles serpentines, l'étang voisin de Malcrozet retentissait sous la lune, du rire aigu des démons. 

Il fallut l'audace de saint Trophime et d'autres évêques pour les chasser et solidifier les vases où disparaissaient les voyageurs qu'ils avaient envoûtés.

De mémoire d'humanité, le marais est géniteur de pestes et voleur de terres.  En chasser les miasmes est une oeuvre ingrate, toujours à recommencer si les moyens de lutte restent insuffisants. 

Ce drame revit dans le combat de Illydre Heptacéphale et d'héraklès, dans les fondrières de Lerne. 

Seules la ténacité et la ruse du Héros vinrent à bout du monstre en décapitant ses sept têtes d'un unique coup de glaive.  En réalité, à l'origine, il s'agit de la nécessité d'assécher des marais en totalité pour sauver la santé et accroître des cultures. 

Plus tard, le combat herculéen devint le symbole de la lutte difficile contre le mal moral, puis contre les Fois adverses et renaissantes.  Déjà successeur de bien d'autres, le mythe grec refleurit dans le Christianisme. 

L'hydre devint le Dragon tentateur, le Dragon païen.  Alors, à Hercule succédèrent suivant les circonstances locales, saint Georges, saint Michel, saint Mitre, sainte marthe, ancienne matrona et victorieuse de la Tarasque et bien d'autres. 

Notons que saint Mitre traduit l'àpreté de la christianisation d'une Provence que Mithra domina longtemps et que les méridionaux sauvèrent en lui inventant les traits du religieux légendaire.

 

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                                                            LE DRAK

Frère de la Tarasque, le Drak provençal, le Drokon grec ou le Dragon romain est l'animal anormal, démesuré, déformé par l'effroi populaire, le tyran des lieux maléfiques, le monstre des contes et des sculptures de nos églises, la figure de proue des Drakkars de l'envahisseur Viking. 

Suivant les époques et les peuples, cet être désharmonieux change de formes; mais reste bizarre et effrayant comme si la mémoire héréditaire des hommes conservait dans des cellules cérébrales, des images d'animaux antédiluviens dont l'aspect nous impressionne toujours dans les muséums. 

Pour les uns, il est terrestre et se cache dans des grottes comme les vieux ours géants, gardiens de trésors ou de vierges; pour certains, il hante les volcans et crache le feu par les naseaux ; enfin, pour les autres, il est aérien, avec des ailes ongulées tel que la Chimère vaincue parbellérophon ou lacustre.  Dans ce dernier cas, son ancètre est lliydre grecque. 

Alors, il vit dans des paluds ou dans les rivières tumultueuses qu'on nomme encore des Dracs. 

Il est troublant que l'imagination humaine lui ait donné souvent à travers le monde, des formes serpenticides ainsi qu'à sa femelle Dracène, qui les apparentent en particulier aux Dracaenosaures, sauriens des terrains tertiaires.

Le Drak . classique » se vautre dans les mares sombres, dans la boue des berges, parmi les roseaux.  Il règne sur les nénuphars, fleurs de la mort, sur les grenouilles, les serpents, les feux follets et les puanteurs. 

Dévoreur de voyageurs perdus, il s'ingénie à faire prospérer les fièvres qui délabrent la vigueur des hommes.  Mystérieux démon des eaux statiques, on sait, même s'il reste invisible, qu'il engendre la maladie. 

Quand les brumes s'étirent dans la tempête, des paysans attardés entrevoient ses difformités et la Dragonite qui brille à son front, tandis qu'ils décèlent son odeur soufrée.

Autrefois, entre les gorges de chateaudouble et les cascades de trans en Provence, lanatufby débordait çà et là, en marais fangeux, tels ceux qui pourrissaient au pied de Malmont. 

Un drak fameux se plaisait dans ces fondrières, au péril des celtoligures.  Certes, au retour du Jardin des Hespérides, après ses combats de Camargue et de Crau, Héraklès moins heureux qu'à Lerne en Argolide et peut-être

l'Hydra, l'avait contraint à fuir vers Comps et les flots de lartuby ; mais le Héros thébain reparti sur sa voie solaire qui le conduisit à la fatalité , le dragon revint empuantir les sites malgré les invocations druidiques à Belénos. 

Le soleil celte fut moins puissant que celui du fils d'Alcmène.  Puis le Demi-Dieu brùla sur le bûcher qu'il avait dressé en Thessalie, non loin des Thermophlles, comme meurt Hélios à la fin du jour. 

Alors le faiseur de miasmes eut beau jeu dans ses cloaques et le Chemin d'Hercule perdit sa sécurité.

Cela ne pouvait plus durer.  Païens, chrétiens et moines surtout, s'unirent pour assécher les paluds. 

Au prix d'un effort surhumain, aux marais succédèrent les terres à blé et à vigne.  Ainsi disparut le dragon que rappellent les armoiries de Draguignan, et aussi les infections et les pestes.

 

Les poètes locaux imaginèrent un mythe pour célébrer ce travail libérateur. 

Les terrassiers et les agriculteurs furent symbolisés par un seul homme.  Comme ils vivaient une dure période d'évangélisation, les troubadours ne chantèrerit pas un demi-dieu, mais un saint. 

Des circonstances les amenèrent à le nommer saint Hermentaire qui semble avoir été réellement évêque dAntibes , et qui peut-être à un certain moment, encouragea les religieux à cet assèchement. 

Une chapelle de Draguignan célèbra son exploit.  A la longue, les légendes s'enchevêtrant, elle porta un nom plus glorieux, celui de saint Michel, autre dragonnicide mieux connu officiellement ! 

On aurait pu choisir saint Mitre, avec plus de bonheur...

Dès lors, le Drak ondulant et boueux ne personnifia plus le marais pestilentiel et fiévreux, mais le Mal moral, plus particulièrement celui qui gêne le Christianisme naissant, c'est-à-dire le Paganisme, c'est-à-dire Mithra des légions de l'empereur Julien, frère solaire d'Hercule et dakhenaton (- 1372 ; - 1354). 

N'oublions pas combien les deux cultes s'entredéchirèrent dans ces contrées de lumières physique et spirituelle ! 

Jusqu'au bout, saint Hermentaire et ses coreligionnaires durent connaître des heures ingrates, comme l'attestent nos coutumes locales profondément ligures, helléniques et romaines à la fois, malgré des noms chrétiens.

 

LE TEST DE L'EAU

Ce tour d'horizon accompli  rapidement, nous constatons que non seulement l'eau physique, tout imprégnée du Cosmos, imbibe nos tissus, mais encore qu'elle appartient à l'environnement en entier. 

D'où son imprégnation de notre pensée.  Dans sa structure même, le cerveau humain s'est peu transformé depuis plusieurs millénaires.  Son ascension évolutive vers la complexité n'est guère sensible quand on passe des menhirs à nos buildings en ciment armé.

Par conséquent, nos réactions primaires restent à peu près semblables à celles de nos ancêtres. 

Le mode d'expression à part et compte tenu de quelques précisions dans notre savoir, nous réagissons devant une source qui murmure et scintille, sensiblement de la même façon qu'un Grec d'Homère.  Ses joies et ses peurs restent les nôtres. 

Appuyée sur les mêmes structure protidiques, la même mémoire fondamentale conserve mystérieusement des images basales, archeiiques, prêtes à remonter en surface dans des occasions graves et à nous pousser aux mêmes pensées, aux mêmes gestes instinctifs. 

Notre lointain passé génétique n'est jamais entièrement effacé en nous.  Il demeure comme pour nous protéger malgré nous.

Nos progrès, nos études n'ont pas réussi, et c'est fort heureux, à disperser cet héritage de perceptions emmagasinées. 

Il reste ancré dans les hélices protidiques de nos codes génétiques.  Instinct de l'espèce ; instinct primitif ; instinct sauveur.  L'eau vive et l'eau morte sont piésentes dans nos pensées, dans nos réflexes, en harmonie personnelle chez chacun de nous.

Nous polluons rivières et mers, bêtement, à notre préjudice, au risque de nous perdre.  Inconscience redoutable et avant peu fatale si nous n'y prenons garde. 

Corrompre le  sang de la terre, revient à souiller le nôtre et à nous tuer.  Malgré cette aberration, nous conservons prêt à resurgir, un amour pour l'eau vive, ce qui fut un culte. 

A notre insu parfois, il sommeille dans notre mémoire archaïque qui nous dirige toujours, même quand notre mémoire ordinaire la relègue dans quelque repli cérébral.

Lié charnellement et psychiquement à ses ancêtres, chaque individu est une personnalité évoluante; Il la juge parce qu'elle l'imprègne, parce qu'elle fait vibrer ses sens, tous ses sens pour les dynamiser et pour son plaisir.

 

 Un test qui permet de pénétrer jusque dans les derniers retranchements de la Psyché :

Demandez à tout individu de traduire graphiquement sa conception de l'eau et il dévoile son tempérament, ses aspirations dans le dessin qu'il vous présente, suivant qu'il a réalisé une source, un fleuve, une mer, suivant qu'il préfère une eau vive ou une eau morte. C'est SIGNIFIANT.

Ses tendances, ses subtilités, son degré de "spiritualité" s'inscrivent dans la forme, la densité et la qualité des traits. 

Pareille analyse gagne à être affinée par le test de l'arbre et de la montagne. 

En tout cas, pour conclure, il existe indéniablement des liens étranges, les uns obscurs, les autres quelque peu précis entre d'une part le volatile et le fixe (corps), et d'autre part l'eau accordée à l'univers et présente partout sous des formes diverses et renouvelées. 

Par elle, nous vivons et nous ressentons le monde physique et le monde sensible, que nous soyons rationalistes, spiritualistes, ou religieux dans l'acceptation la plus large.  D'où toujours nos réactions .

Hydropsychiques, mais personnalisées par notre tempérament, notre éducation, notre dynamisme du moment, parfois amplifiées au cours de certaines circonstances majeures.

 

                                                               NATUROPHATHIE DE BASE

 

                                               LES LIEUX DE REPOS

D'une manière générale, sorte de retour nuancé aux rites de Pergame, cliniques et maisons de repos comportent dans leurs alentours directs, des pièces d'eau, des jets d'eau, des ruisselets ou à défaut de petits canaux d'eau courante, sites variés et parfois très adaptés à l'état psychique de chacun.

Complexe très sensible et d'autant plus qu'il est moins intoxiqué, moins dégradé psychiquement, l'homme est relié à ce qui l'entoure et au cosmos par les couleurs, les longues ondes électromagnétiques, les sons et les odeurs. 

Dans tout traitement profond, le choix du microclimat propice à un individu revêt une importance non négligeable où interviennent plusieurs effets : aromatique, électrique (valeur du champ vertical descendant), éolien (ventilation), hygrotique (humidité), ionisant (rapport entre les ions positifs et négatifs et qualité de chacun d'eux), phonique (harmonie et intensité sonores), radioactif (rayonnement ionisant des roches), thermique (chaleur et sautes de température), etc. 

 

                                                    L'INTIMITE VERTE et BLEUE

Micro-climat marin de Méditerranée, des Landes ou de Bretagne, microclimat de plaine herbeuse, de colline, de forêt, de montagne, chacun d'eux est bénéfique pour un certain sujet dans son état physique et moral du moment, mais il peut ne pas convenir à un autre.  

Ce choix fort délicat déterminé, tout lieu extérieur de détente, sorte de microclimat particularisé dans le microclimat général, doit être animé par une légère brise qui renouvelle doucement l'atmosphère, qui fait frémir à peine feuilles et fleurs, qui élimine ou évite la stagnation de brumes. 

Pas de grands vents dominants, dépouilleurs de branches mortes et de feuillages et créateurs décathlons en excès qui énervent, qui désorientent jusqu'à pousser à des actes insensés, au suicide (tristes effets du Foehn, de l'autan, du Mistral, etc.) certains psychismes très affaiblis ou border-line (et il y en a beaucoup).  Pas d'immobilité de l'air qui tend à le confirmer, à le désélectriser, à le surchauffer.

Un ciel clair, lumineux ; un azur tendre où parfois glissent des lambeaux de nuages blancs. 

Une ambiance calme, mais non figée, avec des ombres douces et suffisamment frâiches. 

Au besoin, une certaine filtration des rayons solaires à travers des feuillages pour en éliminer la dureté susceptible de malmener l'épiderme, de nuire au foie et même de provoquer une héliocution à la longue charme apaisant des petites clairières. 

Pas de silence profond, accablant, voire angoissant.  Au contraire, des murmures de brise, des babils de sources et de jets d'eau, agrémentés de temps à autre par le chant lointain d'un coq, d'une cloche villageoise ou des bélines de troupeau, afin d'entrevoir une subtile palpitation sonore qui maintient un léger éveil cérébral et de procurer en été une agréable sensation de fràicheur.

Au cours de certains traitement, au cours des convalescences, les arômes naturels tels que la lavande, la fleur d'oranger, le pin, le thym, la violette, etc., accélèrent la guérison parce qu'ils assainissent les bronches et influent sur le psychisme du surmené. 

Ne jamais négliger cette légère aromathérapie respiratoire.

Les couleurs jouent un rôle aussi important que les formes.  Si le convalescent réclame plutôt la colline revêtue de pelouses, la plage sablonneuse que la forêt obscure, le roc hardi, la cime aiguë et le récif fouetté par les vagues, il apprécie aussi les teintes tendres du vert, du bleu, du rose et du jaune. 

A l'artiste horticulteur de rassembler les espèces afin de réaliser des symphonies végétales qui calment l'esprit, quel que soit le mois de l'année.

 

                      LES QUALITES PSYCHOTHERAPEUTIQUES DES EAUX

Cela dit, l'eau retient ici notre attention plus fortement. 

Pour les raisons invoquées ci-dessus, sa présence est nécessaire dans les parcs et plus encore dans les petits bosquets particulier.

Evitons les étangs sombres et figés, même s'ils les parent de nénuphar bleu qui couronnait le front des divinités d'Egypte, le nénuphar blanc comme la pureté cathare ou l'enfer celte, le nénuphar rouge de l'Inde qu'offrait l'amoureux ardent ou le nénuphar jaune des cultes apolloniens. 

Préférons les pièces d'eau à très faible profondeur, à la surface qui ondule sous l'action du courant, de la brise ou des jets d'eau. 

Il faut une eau gentiment dynamique.  Alors, pensons davantage aux ruisselets transparents, qui glissent en murmurant entre les galets, tout en buvant le soleil et en réfléchissant avec mille scintillements sa lumière polarisée et en exhalant leur fraîcheur à odeur de menthe sauvage.

Pour mieux apaiser l'esprit du convalescent, nous aurons avantage à faire courir l'eau sur les rocailles , parmi des taches de lumière et d'ombre ou à la mitrailler par des jets d'eau dans des bassins très peu profonds et multicolores, au besoin légèrement illuminés le soir.

Dans certains cas, à ces miroirs mouvants où se mirent fleurs et feuilles, nous ajouterons de petites cascades aux sonorités argeritines. 

En effet, elles émettent des microgoutelettes de brouillard électrisées positivement, donc très favorables aux asthmatiques  (effet des chutes d'eau observé par le physicien suisse De Saussure, 1740-1799). 

Ces charges élargissent de la façon la plus heureuse le spectre ionique de l'atmosphère. 

Non seulement elles aident à la destruction de gros ions positifs développés autour de poussières mais encore elles activent l'atmosphère et modifient favorablement le champ électrique local. Au passage, cela montre que les anions oxygène ne sont pas les seuls ions bénéfiques de l'air. 

 

Plage arc en ciel

L'EAU DES REVES

 

 

Tempête/Orage

 

Les tempêtes sont décrites comme des  perturbations atmosphériques:

-de la pluie,

-de la grêle  

-de vents forts,

-de tonnerre.  

C'est la métaphore naturelle pour les bouleversements spontanés  et transformateurs de la vie. Les tempêtes traduisent  aussi  le trouble intérieur d'une person,ne , son chagrin.

Dans le monde entier, les tempêtes étaient vues comme des manifestations du sacré.Des dieux des tempêtes brandissant de la foudre étaient les personnifications d'un aspect de la nature capable d'actes de destruction.  Toutefois, ces mêmes dieux étaient responsables de la pluie vitale.  Ils fertilisaient la terre et étaient sources d'énergie vitale et d'ordre universel. 

Symboliquement, l'orage évoque la tension psychique s'accumulant progressivement jusqu'au point d'éclatement ou des  soudaines invasions  par des énergies  hautement chargées. 

Ces tempêtes peuvent laisser le paysage psychique dévasté ou submergé, comme elles peuvent le rafraîchir et le laver. 

Les sombres nuages orageux chargés d'affect potentiel peuvent présager un conflit au sein du psychisme et se manifester par une tempête chaotique équivalente à l'extérieur. Des périodes de sècheresse créative et émotionnelle se résolvent par des élans cathartiques de libido qui arrivent comme de fécondes pluies torrentielles. 

 

 

                                                                                                                                        PLUIE

L' eau dont dépend toute vie descend sur terre sous forme de gouttes de pluie douces ou torrentielles. Elle amène la croissance, le changement, le rafraîchissement oula catastrophe.

La pluie est  naturele, nécessaire et redoutée, purificatrice, dissolvante, submergeante, parfois apaisante.   

Dans les mythologies elle représente la pénétration de la terre par des forces célestes fertilisantes et souligne l'union sacrée de la terre et du ciel. 

Si elle féconde la terre afin de nourrir et de renouveler la vie, elle peut également exprimer le châtiment des cieux par les eaux destructrices d'un déluge. 

En tant que symbole et métaphore, les détails de sa nature reflètent des dispositions psychiques intérieures. 

Lorsque nous subissons une inondation, nous sommes émotionnellement submergés. 

Par temps de pluie, nous nous retranchons en nous-mêmes, cherchant l'abri dans un espace intérieur. 

Le ciel s'assombrit,  lâche ses eaux, correspondant à la grisaille, à la perturbation, à la mélancolie.

Les alchimistes voyaient dans la pluie le «lavage» de cet état de nigredo, illuminant et réanimant ce qui était ressenti comme mort et ténébreux. 

Cette grâce divine intervenant au moment le plus sombre précédait un nouveau coniunetio, une union psychique entre l'émotion, le corps, l'imagination et l'esprit à un nouveau niveau de conscience.

Toutes les mythologies incluent des références à un déluge divin où des divinités célestes rasent des mondes avant de les recréer et de les repeupler dans un nouvel âge.  Ainsi Yahvé proclame-t-il: « Je ferai pleuvoir sur la terre 40 jours et 40 nuits, et j'exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j'ai faits» (Genèse, 7: 4). 

A SUIVRE ................

NUAGES

 

 

CASCADES

 

 

Lune eau 1

LAC / ETANG

 

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                                                                                                               FLEUVES ,  OCEANS

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